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Fayezul Choudhury  | 
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Alors que les généralisations sur les petites et moyennes entreprises (PME)—à travers les pays, les régions, l'industrie, la taille, etc.—sont difficiles à établir, la recherche, y compris celle de la FIC, suggère que, pour les PME, l'accès au financement constitue actuellement un défi important, tout comme c’était le cas il y a une décennie. Pourtant, ce qui a considérablement changé au cours des 10 dernières années c'est la variété d'options de financement, ce qui représente un assortiment d'alternatives à ce qui, autrefois, se limitait largement au financement bancaire.

Alors que la plupart des PME cherchent à exploiter ces alternatives,la recherche indique que ce marche n’atteindra son potentiel que si les professions comptables—en particulier les comptables employés par ou proposant leurs services aux PME—se familiarisent avec ces options. C'est à la fois un défi et une opportunité pour les cabinets comptables de petite et moyenne taille (SMP) : ils aident souvent les PME à accéder au financement—en identifiant les options appropriées, ainsi qu'en préparant, en présentant et en garantissant la fiabilité des informations financières et autres, aux financiers potentiels. Si les SMP peuvent maîtriser ces d'alternatives, elles pourraient jouer un rôle clé en aidant les PME à les manier et avoir accès au financement. Mais ce n'est pas tout : Les SMP peuvent également jouer un rôle en créant des sources similaires dans leurs propres juridictions et en façonnant un cadre réglementaire favorable approprié.

Dans cet article, je passe en revue l'état global actuel de l'accès des PME au financement—surtout en ce qui concerne le resserrement du crédit en raison de la crise financière mondiale—j'examine de plus près quelques-unes des nouvelles options, et j'invite les lecteurs à partager des exemples de sources novatrices de financement pour les PME qui ont pris de l'ampleur dans leur pays.    

Défi de financement

La levée de capitaux a toujours été l'un des plus grands défis pour la croissance et la durabilité des PME. La Société financière internationale estime que les besoins totaux non satisfaits de crédit des PME à l’échelle mondiale varient entre 2,1’trillions USD et 2,6’trillions USD et, parmi les six pays étudiés, les nouveaux prêts bancaires aux PME ont diminué de 47’pour cent depuis les pics d’avant la crise.

La recherche de la FIC corrobore la portée de ce défi. Les résultats de la dernière Enquête mondiale sur les SMP de la FIC, effectuée sur plus de 5’000’SMP, indiquent que la difficulté d’accès au financement représente un défi majeur pour les PME, quoique  cela est éclipsé par la hausse des coûts et l’incertitude économique. La majorité des répondants (87 %) a indiqué qu'au moins certaines de leurs PME clientes en quête de financement ont éprouvé des difficultés en 2014.

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a indiqué que les conditions variaient considérablement d’un pays à l’autre dans son rapport annuel récemment émis sur le Financement pour les PME et les entrepreneurs : Un tableau de bord de l'OCDE  révèle que l'accès au financement reste problématique dans de nombreux pays.

Innovation

Les conséquences économiques de cet écart de crédit sont énormes car les PME constituent la grande majorité des entités à l'échelle mondiale, comme le constate, entre autres, l'Association of Chartered Certified Accountants (ACCA). Les impacts sociaux sont tout aussi importants. Dans de nombreuses juridictions, sinon la plupart, les PME emploient la majorité des travailleurs dans le secteur privé, et les PME ont tendance à être une voie daccès à l'emploi pour beaucoup de groupes défavorisés et minoritaires, ainsi que pour les femmes et les jeunes travailleurs.

Grâce, en grande partie, à des technologies de rupture, une profusion d'innovations démocratise l'accès au capital, en particulier pour les PME, et les rend moins dépendantes au financement bancaire traditionnel. Des mécanismes alternatifs tels que le financement participatif, le financement de démarrage et providentiel, le financement de la chaîne de valeur, et le capital de risque sont en train de changer la donne et évoluent rapidement pour devenir des sources importantes de financement pour les PME. Les PME peuvent désormais envisager d'autres solutions si les banques ne leur accordent pas de financement comme l'a récemment rapporté  The Economist. L'ACCA a résumé un grand nombre de ces innovations dans son article, Innovations dans l'accès au financement pour les PME.  

Le financement participatif a, en particulier, fait les gros titres. The Economist a signalé  que les plateformes de financement participatif ont réuni, l'an dernier, 16,2 billions USD. Pendant ce temps, une étude réalisée par la Banque mondiale prédit que le financement participatif aura une influence mondiale pertubatrice – comme un élément déterminant pour la finance islamique, un moyen d’autonomisation des femmes, un moyen de financement pour l’emploi et l’entrepreneuriat des jeunes au Moyen-Orient, et comme plateforme de financement sans frontière véritablement mondiale.

La croissance est plus élevée en Asie, propulsant la région devant l'Europe et devenant la deuxième plus grande région de financement participatif après l'Amérique du Nord. La Banque mondiale estime que le marché du financement participatif atteindra 96 billions USD en 2025, la Chine comptant pour plus de la moitié de ce chiffre.

Les exemples à la fin de cet article illustrent certaines des options de financement les plus innovantes pour les PME.

Réglementation

La volonté des gouvernements et des grandes institutions financières d’inclure les PME et de permettre les réformes réglementaires nécessaires pour soutenir la croissance de celles-ci et des entrepreneurs partout dans le monde est essentielle à la réussite et à la durabilité des innovations en matière de financement des PME. La règlementation exige un équilibre entre protection des consommateurs et des investisseurs, et formation du capital. Les comptables peuvent également jouer un rôle ici, en aidant à façonner la politique et les cadres réglementaires appropriés ainsi qu’en menant le débat autour des mécanismes de financement viables et innovants.

Malheureusement, comme le souligne le Financial Times , la réponse réglementaire reste lente, en particulier en Asie, qui se caractérise par des systèmes financiers bancaires lesquels représentent de plus grands obstacles pour les PME que pour les grandes entreprises. Le Conseil consultatif commercial de l'APEC, dans son rapport intitulé Cadre de l'APEC pour l'innovation des mécanismes de financement des MPME, appelle les dirigeants économiques et les gouvernements de la région Asie-Pacifique à fournir un cadre réglementaire favorable pouvant soutenir un large éventail d'institutions et de produits financiers. Le rapport reconnaît que les gouvernements doivent jouer un rôle clé et recommande que ceux-ci considèrent une variété de mesures, y compris l'octroi de crédits d'impôt et de financements initiaux, comme un stimulant dans le développement d'un écosystème dynamique de financement des PME.

La Commission européenne est actuellement engagé dans un projet important   pour construire une Union de marchés des capitaux, avec comme sous-thème principal le traitement des obstacles réglementaires qui ont rendu difficile la levée de fonds pour les PME en Europe.

Nous aimerions avoir de vos nouvelles

Nous sommes impatients d'entendre d'autres approches novatrices pour le financement des PME et nous vous encourageons à les partager dans les commentaires ci-dessous. Grâce au partage de telles expériences et connaissances, nous croyons que la profession comptable peut jouer un rôle majeur dans l'amélioration de l'accès au financement. Un prochain article exposera les approches suggérées par les lecteurs.

Kickstarter (US)1

Kickstarter est une plateforme de financement participatif mondiale basée aux États-Unis, dont la mission est de contribuer à la mise en place de projets créatifs. Kickstarter aurait reçu plus de 1,5 milliard USD en promesses de dons dont 7,8 millions d’investisseurs pour financer 200 000 projets créatifs, ce qui en fait la plus grande plateforme de financement participatif en ligne au monde.

Les gens qui soutiennent les projets Kickstarter reçoivent des récompenses tangibles et des expériences uniques en échange de leurs engagements. Les créateurs de projets choisissent une date limite et un objectif de financement minimal. Si l'objectif n'est pas atteint avant la date limite, aucun fond n’est collecté. L'argent promis par les donateurs est collecté en utilisant le système de paiement Amazon Payments. La plateforme est ouverte aux investisseurs du monde entier et aux créateurs des États-Unis, du Royaume-Uni, du Canada, d'Australie, de la Nouvelle-Zélande, des Pays-Bas,du Danemark, d'Irlande, de la Norvège, et de la Suède.

Kickstarter applique une taxe de 5 % sur le montant total des fonds levés. Leur processeur de paiements applique une taxe supplémentaire de 3 à 5 %. Contrairement à de nombreux forums de collecte de fonds ou d'investissement, Kickstarter ne revendique aucun droit de propriété sur les projets et le travail qu'ils produisent. Les pages web des projets lancés sur le site sont en permanence archivées et accessibles au public. Une fois que le financement est réalisé,les projets et médias téléchargés ne peuvent être modifiés ou retirés du site.

Il n'est pas garantit que les gens qui postent des projets sur Kickstarter réalisent leurs projets, utilisent l'argent pour mettre en œuvre leurs projets, ou que les projets terminés répondent aux attentes des investisseurs. Kickstarter conseille aux investisseurs d'utiliser leur jugement personnel pour soutenir un projet. Ils mettent également en garde les chefs de projet qu’ils pourraient être tenus responsables de dommages légaux par les investisseurs pour promesses non tenues. Les projets peuvent également échouer même après la collecte réussie des fonds, lorsque les créateurs sous-estiment les coûts totaux nécessaires ou les difficultés techniques à surmonter.

Pozible (Australie)2

Pozible est une plateforme de financement participatif australienne axée sur la collecte de fonds pour des projets créatifs. La plateforme a recueilli près de 28 millions USD pour environ 8 500 projets et prétend avoir « le taux de réussite le plus élevé parmi les principales plateformes » avec un taux de réussite de 56 %.

Semblable à Kickstarter, Pozible fonde sa structure de frais sur le total des fonds recueillis, avec une taxe de 5 % pour les fonds recueillis jusqu'à 100 000 USD et un barème dégressif de 3 % pour les projets d'une valeur de 500 000 USD ou plus. Il existe une grande variété de méthodes de transaction disponibles, y compris Bitcoin, en plus des méthodes traditionnelles.

Les mêmes mises en garde que celles décrites ci-dessus sont applicables, avec un accord de financement qui montre clairement que la responsabilité attachée aux projets repose, dans tous les aspects, sur les créateurs du projet.

Zhao Cai Bao (Chine)3

Zhao Cai Bao est la branche financière d'Alibaba. Créée en avril 2014, la plateforme permet aux petites entreprises et aux particuliers d'emprunter directement auprès d'investisseurs.

La plateforme permet aux petites entreprises et aux particuliers d'emprunter à un maximum de 200 investisseurs une fois qu’une institution financière a garanti le prêt et a fait en sorte que l'argent sera remboursé. Zhao Cai Bao a répertorié environ 11 000 produits. Le rendement annualisé sur un prêt pour une période de six à douze mois est d'au moins 5,5 pour cent, selon le site web de l'entreprise.

Zhao Cai Bao travaille avec plus de 40 institutions financières pour aider à garantir le crédit : on n’attend pas des investisseurs individuels qu'ils soient capables d'évaluer les risques dans les produits financiers, il revient donc à ces institutions financières de déterminer les risques. Le prêt moyen a été d'environ 70 000 yuan (11 300 USD). Bien qu'il n’y ait pas de limite fixée sur le montant qu'un individu peut investir, le seuil minimal dépend généralement de la taille du prêt divisé par la limite maximale de 200 investisseurs.

Zhao Cai Bao prévoit de créer un marché pour 1 trillion de yuan (163 milliards USD) sous forme de prêts, dans les deux ans, pendant que le groupe de cybercommerce encourage un plus grand nombre de chinois à emprunter et à prêter davantage. Alibaba a indiqué que la branche financière pourrait, à l'avenir, mener son propre appel public et la valeur des fonds propres tacite serait d'au moins 25 milliards USD, selon un dépôt auprès de la Securities and Exchange Commission des États-Unis.

 


[1] « Kickstarter, » Wikipedia, dernière modification le 8 mai 2015, http://en.wikipedia.org/wiki/Kickstarter.

[2] « À propos de Pozible, » Pozible, http://www.pozible.com/about.

[3] Lulu Yilun Chen, « Branche d'Alibaba pour créer un marché de 163 milliards de prêts, » Bloomberg, 23 septembre 2014, http://www.bloomberg.com/news/articles/2014-09-23/alibaba-arm-aims-to-create-163-billion-loans-marketplace.

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Fayezul Choudhury

Fayezul Choudhury is IFAC's former CEO (2013-2018).

Mr. Choudhury was previously with the World Bank, where his last two assignments were as Vice President, Corporate Finance and Risk Management; and Controller and Vice President, Strategic Planning and Resource Management. In this latter role he was the World Bank's spokesperson on global accounting and auditing issues. Mr. Choudhury started his career in 1974 with PriceWaterhouse in London, initially in public accounting and later management consulting. During his career with PriceWaterhouse, he spent three years in Nigeria, developing the consulting practice in the region.

Mr. Choudhury has served on a number of high-level representative bodies. He was a member of the Public Interest Oversight Board (PIOB) from its formation in 2005 until 2010. Mr. Choudhury also chaired the Global Steering Committee of the International Forum for Accountability Development and was a member of the Standards Advisory Council of the International Accounting Standards Board. He served as a member of the Iraq Advisory and Monitoring Board established by the Security Council of the United Nations.

Mr. Choudhury has an MA (Hons) in Engineering Science and Economics from the University of Oxford. He is also a Fellow of the Institute of Chartered Accountants of England and Wales.

IFAC conducted a short Q&A with Fayez after his appointment as CEO, as did Public Finance International after he officially joined IFAC.